International | 13 juin 2023

ERASMUS + LT

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9 mai : Klimahaus à Bremerhaven … ou comment prendre la température du monde.

L’histoire des trains se poursuit : pour gagner Bremerhaven, port avancé de Brême sur l’estuaire de la Weser, il faut encore jouer collectif dans les transports jusqu’à sortir du brutal bus final, compressés mais indemnes, au pied de l’immense navire en verre du Klimahaus.

Le temps de traverser la passerelle couverte qui enjambe la Weser, nous voici prêts à affronter les contrastes climatiques qui structurent la visite du lieu. Le principe en est simple : parcourir la Terre du nord au sud, sur le 8ème méridien est – de Brême à l’Antarctique en passant par la Suisse, la Sardaigne, le Niger, le Cameroun… puis se laisser dériver lentement vers les îles Samoa et l’Alaska.

Dans d’immenses espaces d’exposition, l’expérience immersive consiste à prendre conscience des caractéristiques climatiques de chacune des régions traversées – et de comprendre, au travers de leur évolution, l’impact qu’elles ont sur les manières de vivre et les habitudes culturelles. Parmi les aventures significatives, on peut retenir le passage au cœur d’un glacier des Alpes (avis de grand frais), la contemplation allongée – dans une pièce à bonne température – de la vie des hommes et femmes bleu.e.s Touaregs, la déambulation à l’aveugle dans un espace reconstruisant la moiteur nocturne et saturée de sons peu rassurants de la rainforest camerounaise, un temps d’immersion en Antarctique (n’oubliez pas vos polaires), la contemplation des évolutions, en apesanteur, des poissons polychromes des Samoas… et tant d’autres choses encore.


L’ensemble est d’une immense richesse, à la fois instructif, esthétique et ludique. On en ressort affamé et chamboulé, tous surpris encore d’avoir touché du bout du doigt l’incroyable diversité du monde.

En fin d’après-midi, quartier libre à Brême pour les groupes mixtes, à la découverte des richesses de la grande ville hanséatique.

Demain, retour à l’école pour poursuivre présentations, travaux, échanges et évaluations… le tout sur nos claviers préférés, bien tempérés ceux-là.


11 mai : Chez Meyer Werft à Papenburg

Deux heures de bus dans la grisaille matinale, direction Papenburg – plein ouest, en direction de Groningen et des Pays-Bas.

Là-bas, depuis la fin du XVIIIème siècle, on construit des bateaux dans la famille Meyer. Depuis les années 80, l’entreprise s’est développée autour de la fabrication de bateaux de croisière, parmi les plus grands du monde, profitant de la vogue des palaces flottants qui offrent à leur bord un confort et des services de divertissement toujours plus nombreux et sophistiqués. Pour mener à bien la construction de tels géants, Meyer Werft a investi dans des halls gigantesques (de 300 à 500 mètres de long), où les navires sont assemblés, pièce par pièce, grâce à des performances logistiques hors du commun, tout au long des 18 mois que dure leur fabrication. Le chantier naval est ainsi un pourvoyeur d’emplois considérable, avec plus de 21 000 employés et sous-traitants sur les trois sites de la firme : Papenburg, Rostock et Turku (en Finlande). Bien sûr, l’innovation technologique au service de l’efficacité, de la créativité et des services embarqués est une préoccupation constante de l’entreprise.

La visite des lieux est rôdée et se présente comme une évidente promotion de la réussite et des performances technologiques et économiques du constructeur : films lyriques célébrant l’incroyable déploiement de moyens pour créer et assembler les navires ; maquettes plus vraies que nature racontant l’évolution des bateaux de croisière ; schémas techniques de l’assemblage des différents ponts ; reproduction d’une hélice ; vue saisissante sur la fourmilière des ouvriers assemblant les navires actuellement en construction ; …

La thématique du partenariat, le développement durable, peut sembler bien lointaine, face à ce récit d’une réussite familiale, technique et économique aussi éclatante. Mais forcément, les questions affleurent quand la distance critique se mêle d’interroger les concepts présentés : cette forme de tourisme de masse est-elle écologiquement soutenable ? qu’en est-il des promesses d’une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre pour ces navires à l’horizon 2050 ? quels sont les impacts sociaux du tourisme maritime pour les pays vivant cet afflux de riches voyageurs ? quelles perspectives sociales ouvre le fourmillement de l’immense main-d’œuvre occupée à l’élaboration, à l’entretien et au service des palais maritimes ? comment justifier les périlleux 40 kilomètres de convoyage sur le fleuve Ems, pour mener les bateaux vers le grand large ?

Autant de questions qui ne manquent pas de trotter dans les têtes averties des jeunes du partenariat, bien conscients que la transition écologique nage parfois en eaux troubles, derrière les mirages des lumières de la ville… flottante.


12 mai : Faire l’Europe, c’est aussi parlementer.

Pour la dernière journée de la mobilité à Wildeshausen, place aux échanges et à l’évaluation.

Il faut d’abord choisir le logo et le message qui va l’accompagner : chaque groupe présente son projet, plus ou moins achevé, l’explique, l’argumente – avant qu’on passe au vote. Sans conteste, une version faisant la part belle aux animaux emblématiques des pays du partenariat l’emporte : commentée, enrichie, modifiée, elle sera définitivement élaborée et validée avant la prochaine mobilité, à Murcia, en novembre prochain. Elle pourra alors orner un objet remis à chaque participant : sac, tee-shirt ou autre support de dissémination.

Vient ensuite le temps de la politique. L’école BBS Wildeshausen reçoit ce vendredi un député européen d’Oldenburg, ville voisine de Wildeshausen : Tiemo Wölken. C’est l’occasion d’un échange avec les 45 élèves du partenariat sur leur projet et sur le travail du député. Nous sommes ensuite conviés à la grande conférence préparée par les élèves de l’école, qui permet à T. Wölken d’évoquer son action européenne, en réponse aux questions : écologie, diplomatie, coopération… de très intéressantes réflexions, sans aucun doute, hélas en allemand de bout en bout, ce qui nous laisse bien peu de chances d’en apprécier la substantifique moelle.

Pour finir cette matinée, une double évaluation est effectuée : celle de la visite des chantiers navals Meyer Werft à Papenburg d’abord. Après un double échauffement à deux sur le sujet, les élèves sont invités à exprimer leur point de vue sur la possible compatibilité entre une entreprise comme Meyer Werft et le développement durable. Sans atteindre les sommets d’intensité d’un débat sur les retraites à l’Assemblée Nationale, l’échange a le mérite de soulever des questions fortes, témoignant de l’acuité intellectuelle des participants. La seconde évaluation concerne le déroulement de cette première mobilité du partenariat : quel regard les jeunes portent-ils sur le programme qui leur a été proposé ? comment hôtes et invité.e.s ont-ils/elles vécu cette semaine dans les familles et dans les séances collectives ? Au-delà du vote et des chiffres, les réponses et les statistiques laissent place à des expressions libres – dans l’objectif constructif de rendre la deuxième année du partenariat et les prochaines mobilités plus fructueuses et amicales encore.

Le partage des plats préparés par tous les partenaires clôture dans la bonne humeur cette dernière journée de la mobilité à Wildeshausen.

En novembre, rendez-vous à Murcia : sobriété oblige, il y sera question de l’eau.